Incendies de Los Angeles : le désastre écologique se répète et s’amplifie

Sept incendies ravagent la Californie depuis le 7 janvier. A Los Angeles, deuxième ville des États-Unis , 16 personnes au moins ont perdu la vie tandis que les pompiers risquent la leur à endiguer les flammes.

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AP/Jae C. Hong
Wrightwood, Californie,10 janvier 2024 -AP-PhotoJae-C.-Hong

La superficie ravagée par les flammes est supérieure à celle de la ville de San-Francisco. Les feux ne sont toujours pas contrôlés et risquent d’atteindre la vallée de San Fernando. Ce versant nord de Los Angeles est habité par 1,8 million de personnes.

 

Les villes s’étendent, mais pas les moyens pour la prévention 

La colère légitime des habitant.es se concentre sur la maire de Los Angeles, Karen Bass. Donald Trump, qui entre très bientôt en fonction, ne s’est pas privé non plus de reproches sur les dirigeant.e.s démocrates de l’Etat de Californie.

Les moyens des pompiers sont largement insuffisants, dans une mégalopole où les risques d’incendies sont connus depuis très longtemps. Le chercheur Mike Davis auteur de l’Ecologie de la peur : Los Angeles et l’imagination du désastre avait démontré la vulnérabilité de la ville aux catastrophes depuis les années 90, sur fond de fort développement urbain.

Les pompier.e.s de la ville dénoncent des coupes budgétaires pour des villes qui se sont développées de façon exponentielle. Il manque d’effectifs et de fonds. Les compagnies privées de gestion des incendies, à laquelle ont recours les assurances, pallient à la défaillance des services publics en s’enrichissant. Le budget de Los Angeles alloué à la lutte contre les incendies a lui baissé de 17 millions de dollars en 2024, et 73 postes de mécaniciens n’étaient pas pourvus. Si ces postes ne sont pas occupés, c’est qu’ils sont trop mal payés. Les gouverneurs préfèrent envoyer en première ligne des incendies une population captive : les détenu.e.s, payé.e.s 10 dollars par jour pour intervenir. 800 détenu.e.s engagé.e.s pour obtenir des remises de peine sont sur le front des incendies en ce moment. 

 

Une cuisante ségrégation sociale

Un enseignant interrogé par l’AFP a déclaré : “Nous n’avons pas vu un seul pompier lorsque nous étions en train de défendre notre maison avec des seaux d’eau contre les flammes mardi soir. Ils étaient trop occupés à sauver les propriétés des riches et célèbres à Pacific Palisades, et ils nous ont laissé brûler, nous, les gens ordinaires”. Sans surprises les quartiers d’Altadena, complètement ravagés, n’ont pas été la priorité des autorités publiques dans la gestion de l’incendie. Los Angeles ne disposant pas d’effectifs de pompiers suffisants pour des feux de cette importance, des choix ont été faits pour sauver les maisons de millionnaires.  

 

Responsabilité du capitalisme à tous les étages

Plus de 180 000  personnes ont dû être évacuées et les pertes matérielles sont estimées entre 135 et 150 milliards de dollars (132 et 146 millions d’euros). Les assureurs dorment cependant sur leurs deux oreilles, ils ont refusé d’assurer les habitations des zones ravagées. Leurs modélisateurs leur ont permis de ne pas prendre de risque. Les pouvoirs publics semblent disposer de moins de ressources que les entreprises privées pour anticiper les catastrophes. L’Etat a donc pris le relais pour l’assurance, mais les habitant.e.s qui ont tout perdu toucheront moins d’indemnités que pour une assurance habitation classique. C’est une fois de plus une preuve, s’il en fallait, que le système capitaliste est conçu pour l’enrichissement seul de quelques-uns, au détriment de l’immense majorité de la population mondiale. 

Alors que la Californie serait la 4ème puissance économique mondiale en termes de PIB si elle était un pays indépendant, la ville de Los Angeles est en proie aux flammes régulièrement. Même en disposant de ces richesses extraordinaires, cette puissance n’est pas en capacité de prendre les décisions pour sauvegarder son territoire. C’est une autre caractéristique du paradoxe du capitalisme, qui s’enrichit sans réinvestir ne serait-ce que le strict nécessaire.

Les ressources en eau sont aussi au plus bas, avec des bouches incendie à sec, ce qui explique que les départs de feu n’ont pas pu être maîtrisés. Les industriels étatsuniens se sont appropriés toutes les ressources en eau, réduisant le Colorado à un filet d’eau quand il parvient péniblement au Mexique.  

Le dérèglement climatique, dont est largement responsable le capitalisme, est un facteur essentiel de ces feux gigantesques, survenus en hiver. Un article de la revue Nature publié en 2023 démontre que le changement climatique provoque l’augmentation d’environ 25 % le risque d’incendies rapides en Californie. L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique indique que le changement climatique a multiplié par cinq le nombre d’hectares brûlés en cinq ans dans le nord et au centre de la Californie. Comme pour le désastre de Valence ou encore de Mayotte, les ravages du capitalisme aggravent les effets des catastrophes naturelles à l’échelle régionale et pèsent de façon générale sur le climat.

 

Le capitalisme brûle tout sur son passage, le pouvoir aux travailleur.euses !

Nous témoignons toute notre solidarité aux travailleuses et travailleurs frappé.e.s par ce désastre et aux pompier.e.s qui luttent contre les flammes. Les capitalistes qui s’enrichissent sans rien laisser ruisseler pour la préventions des risques devront répondre de leurs actes. Nous ne pouvons plus vivre enfumé.e.s dans leurs mensonges : c’est à notre classe de décider de la gestion du territoire comme du reste ! 

 

Sources :

Bayrou pire que Barnier 50 milliards de coupes dans les services publics
Publié le 8 janvier 2025 dans Tracts.
Le nouveau ministre du Budget, Eric Lombard, a été très clair : le budget pour 2025 doit permettre de «répondre à l’inquiétude des marchés » sur les finances publiques françaises.
Californie. Incendies à Los Angeles : la grogne contre les autorités monte parmi les habitants

www.lexpress.fr/monde/apres-la-sideration-des-incendies-la-colere-gronde-autour-de-los-angeles-LDS3GIWUUJCOVL45WMJ4NDRMEM/

www.lexpress.fr/monde/amerique/incendies-a-los-angeles-ces-rustines-qui-viennent-aider-des-pompiers-en-sous-effectif-NLQ4D4OSARDIXDJLNNMUQYL2EA/

https://abcnews.go.com/US/800-incarcerated-firefighters-now-battling-los-angeles-fires/story?id=117529522

Mike Davis, Ecology of Fear : Los Angeles and the Imagination of Disaster, Davis Metropolitan Books, New York, 1998

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