Las Rojas ont participé au festival “Des Elles” à La Rochelle

Cette année, Las Rojas ont participé au festival "Des Elles" à La Rochelle. Pour sa 16ème édition le festival s’est fait sur la thématique “Tissons les résistances du demain”. Nous remercions l’organisation du festival pour l’invitation.

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Avec plus de 60 personnes dans la salle au CGR Dragon, le 19 mars passé nous nous sommes submergés à la réalité de la vague verte du féminisme argentin en regardant le film “Que Sea Ley” (femmes d’Argentine en français) de Juan Solanas. Le documentaire est fait lors des manifestations qui ont eu lieu en 2018 à Buenos Aires. Par le registre documentaire mais aussi par des entretiens nous apprenons sur la realité de la clandestinité de l’avortement en Argentine, les débats parlementaires suivis par l’ensemble de la société, des cas de condamnations pour avorter, des risques de la pratique fait en clandestinité et le fort mouvement qui s’est mis en place pour militer pour l’obtention de l’IVG. A la fin du film nous sommes dans la défaite au Sénat a rejeté le projet de loi qui a été ensuite représenté et finalement adopté en décembre 2020. 

La projection du film est suivi d’un débat sur les impacts de la prohibition de l’avortement et les conditions actuelles de vie des femmes en Argentine avec l’arrivé de l’extrême droite au pouvoir. Las Rojas a été conviée au débat avec des représentantes d’Amnesty International, antenne La Rochelle et des membres de l’association latinoamericaine locale IntégRé. Le public, très avide de nos souvenirs de cette lutte, de notre expérience et de notre contribution au dit mouvement, nous a posé des questions sur les résistances exercées par l’Église catholique et évangélique, sur les objecteurs de conscience et sur l’accès actuellement à l’IVG. Dans le film nous avons pu voir une revendication de la laïcité qui nous interpelle à remettre à sa bonne place la séparation de l’église et l’état et la laïcité comme émancipation et pas comme instrument de l’état pour exercer une persécution sur un groupe. 

Face aux diverses questions nous avons pu exprimer que, malgré la défaite illustrée au moment du film, non seulement le mouvement des femmes a obtenu sa revendication plus tard mais que aussi des conséquences de cette organisation perdurent dans les formes de riposte qui s’organisent aujourd’hui contre Milei. Face à la question sur l’actualité au pays et les potentiels reculs sur le droits des femmes nous avons répondu qu’un public très impacté par les discours réactionnaires et des faits de violence est la population LGBTI. Cependant nous voyons avec espoir la rétroalimentation et la convergence des luttes qui se développe, comme le montre la récente Marché des Fiertés Antifasciste qui a eu lieu le 1 février 2025, en pleine pause estivale dans l’hémisphère sud. La construction du mouvement fait entre l’émergence du Ni Una Menos en 2015 et sa continuité dans la lutte pour l’IVG de 2017 et 2018 perdure jusqu’à aujourd’hui. 

Lors du débat, nous avons soulevé le changement des mentalités des femmes argentines provoqué par la mobilisation pour le droit à l’IVG. Face à une question sur la violence « endémique » à l’Amérique latine, nous avons pu dire que le sentiment d’insécurité face au harcèlement de rue à Paris est parfois plus élevé que celui que nous pouvons ressentir à Buenos Aires. Cela représente une victoire annexe du mouvement social pour l’IVG, pour les femmes bien évidemment mais aussi pour l’ensemble de la société argentine. La preuve que les mentalités peuvent changer en profondeur face à la puissance de l’engagement collectif. Nous savons qu’en Argentine, depuis la vague verte, les rapports entre les hommes et les femmes ont changés, pour permettre d’éloigner un peu le patriarcat et permettre à une nouvelle société d’émerger.

Un autre élément important de la lutte a été son caractère internationaliste et les impacts inspirants que ça a eu pour le féminisme régional. Les intervenantes de l’asso IntégRé ont pu nous parler de la légalisation de l’IVG en Colombie en 2022 et des formes d’organisation soutenues par les femmes dans le continent. Elles ont exprimées l’importance des liens tissés pour assurer les avortements, liens qui sont exprimés tant dans les collectifs féministes que dans les réseaux sociaux. Une des organisatrices a fini la soirée avec l’idée de monter une batucada féministe à la façon latino américaine, symptôme du caractère inspirant encore de cette vague verte. 

Pour celles et ceux intéressés par les réflexions sur le sujet, sur la construction du mouvement de femmes et sur la nécessité de combattre l’extrême droite, nous vous invitons à une Réunion-débat, organisée par Las Rojas Paris y Socialisme ou Barbarie France le 29 mars à 18h au Café Le Dellys à Paris.

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