Séisme en Birmanie, une catastrophe de plus dans un pays déjà fracturé

Un terrible séisme a frappé la Birmanie, pays en proie à la junte militaire depuis 2021.

0
1
Mandalay - photo de Sai Aung MAIN / AFP

Un séisme d’une magnitude de 7,7 sur l’échelle de Richter a frappé la Birmanie et la Thaïlande. Ces secousses, d’une intensité rare dans cette région du monde habituée aux tremblements de terre, mais rarement de cette puissance, ont causé des dégâts considérables. Même en Thaïlande, pays plus stable politiquement et mieux préparé aux catastrophes naturelles, les conséquences ont été dévastatrices : des images d’hôtels de luxe oscillant comme de vulgaires brindilles et de piscines à débordement ayant réellement débordé circulent déjà sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Le pouvoir birman, aux mains d’une junte militaire ayant fait un coup d’État en 2021, d’ordinaire complètement refermé sur lui-même et en proie à une guerre civile interne depuis le début de leur putsch, et est allé jusqu’à faire appel à l’aide humanitaire internationale. C’est la preuve que la situation, déjà préoccupante, a été précipitée dans un chaos d’une rare intensité. Les infrastructures médicales, déjà mises à rude épreuve par les affrontements entre la junte et les groupes rebelles « pro-démocratie », sont au bord de l’effondrement. Au 30 mars, le bilan fait état de 1 700 mort·e·s, 3 400 blessé·e·s et 300 disparu·e·s. 

L’opposition a proposé un cessez-le-feu partiel de deux semaines pour permettre à l’aide humanitaire de parvenir aux habitant·e·s, mais ces dernier·e·s ont rapporté des bombardements de la junte militaire sur leurs positions, causant sept mort·e·s, dès le lendemain du séisme.

La guerre civile qui ravage la Birmanie est composite, faite d’alliances entre différentes forces opposées à la junte. Tout a commencé au lendemain du putsch avec des mobilisations de grande ampleur dans tout le pays. Des grèves ont éclaté dans la fonction publique et le secteur privé, mouvements brutalement réprimés par des arrestations massives. Des syndicalistes ont dû fuir le pays pour échapper à l’emprisonnement ou à l’exécution. Les grands patrons d’industries birmans ont largement profité de cette répression pour dégrader les conditions de vie des travailleur·euse·s. Face à cette oppression, de nombreuses personnes ont fui leur lieu de vie et de travail pour prendre le « maquis » et rejoindre l’une des nombreuses organisations menant la lutte armée au Myanmar (Birmanie).

Les médias occidentaux, lorsqu’ils traitent du Myanmar, réduisent souvent ce soulèvement à des guerres ethniques, presque tribales. Pourtant, les groupes rebelles ne sont pas aussi dispersés qu’on voudrait nous le faire croire. Iels parviennent à s’organiser au travers d’alliances, et la question sociale joue un rôle central dans le ralliement populaire à la révolte. Les travailleur·euse·s birman·e·s sont exploité·e·s par leur bourgeoisie, qui s’accommode parfaitement de la violence de la junte militaire pour faire taire toute contestation ouvrière. Pourtant, des défections vers la révolte existent, y compris au sein de l’armée régulière birmane.

Le voisin thaïlandais profite de cette situation chaotique pour exploiter les jeunes réfugié·e·s sur son territoire. Beaucoup ont fui la conscription devenue obligatoire et, privé·e·s de statut légal, iels sont à la merci des prédations capitalistes thaïlandaises.

Le mouvement de révolte risque de voir ses moyens et ses perspectives révolutionnaires menacés par ce séisme dévastateur. Nul doute que la junte, prête à tout pour se maintenir au pouvoir, utilisera cette catastrophe à son avantage afin d’affaiblir ses adversaires. 

L’avenir du peuple birman semble, une fois de plus, mis en péril, non seulement par la catastrophe naturelle, mais aussi par l’obsession de sa caste dirigeante à refuser d’écouter et de prendre en compte les revendications populaires. La phase pseudo-démocratique incarnée par Aung San Suu Kyi n’a permis à la bourgeoisie birmane que d’importer le pire des démocraties capitalistes, au détriment des travailleur·euses birman·es.

Nous espérons que les travailleur·euse·s birman·e·s sauront reprendre en main leur avenir à la suite de ce séisme, et que leur révolte contre la junte militaire oppressive se transformera en un avenir socialiste ! Nous apportons tout notre soutien aux travailleur·euse·s du Myanmar en révolte, dans les drames qui tissent leur quotidien aujourd’hui.

 

Sources :

www.lemonde.fr/planete/article/2025/03/30/seisme-en-birmanie-les-operations-de-sauvetage-se-poursuivent-des-repliques-ressenties-a-mandalay_6588356_3244.html

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici