Pour nos droits et nos salaires, c’est la grève que je préfère !
Pendant qu’Elisabeth Borne, première ministre française, s’imaginait qu’elle avait son mot à dire en réquisitionnant des travailleurs grévistes, les deux autres raffineries du pays qui n’avaient pas encore rejoint le mouvement se sont mises en grève le 12 octobre ! Est-ce que Macron va venir chercher les raffineurs ? Six des six raffineries que compte la France étaient à l’arrêt le mercredi 12 octobre, et quatre maintenant que les syndicats de Fos-sur-Mer et de Gravenchon ont levé la grève jeudi.
Les raffineurs ne sont pas les seuls à être en mouvement, une grève interprofessionnelle avait lieu le 29 septembre. Dans les usines PSA-Stellantis, ils étaient 4300 grévistes sur la journée du 28 septembre. La grève des travailleurs sans-papiers de la livraison de colis dure depuis un an. Dans la chimie, les salariés d’Arkéma sortent tout juste d’un mois de grève. Dans le secteur de l’énergie, les agents d’EDF poursuivent aussi la grève, neuf réacteurs nucléaires sont à l’arrêt depuis samedi d’après la CGT. En Argentine, une grève lancée par les travailleurs de l’automobile résonne avec celle qui prend forme en France, portée par la détermination des raffineurs.
État et patronat frappent comme un seul homme sur les travailleurs
Total conditionnait les éventuelles négociations à la levée de la grève. On croit rêver. L’Etat n’a cessé de dire que les grèves ne doivent pas survenir avant les négociations, depuis quand Gabriel Attal (ministre des Comptes publics) est-il secrétaire d’un syndicat ? Chez Exxon, la CFDT et le syndicat des cadres ont signé un accord alors qu’ils ne participent pas à la grève !
La communication de l’idéologie bourgeoise tourne à pleins régime pour casser la lutte des travailleurs grévistes. Dans les médias, certains se sont épandus sur le fait que les travailleurs des raffineries seraient bien payés, reprenant la propagande de Total. Si gagner 2000€ net avec trois ans d’ancienneté pour exercer un métier technique et qualifié en trois-huit, en respirant des hydrocarbures et avec une très haute responsabilité du à la manipulation de produits dangereux, alors pourquoi les éditorialistes de droite ne travaillent pas chez Exxon ? Les offres d’emploi proposé pour être opérateur en raffinerie en intérim indiquent une rémunération en SMIC horaire avec nécessité d’être véhiculé. Sans parler des risques pour leur santé que prennent les travailleurs, à la fois sur leur lieu de vie et sur le site. A Donges et Fos-sur-Mer, les niveaux de cancer sont bien plus élevés que dans les villes non industrielles.
La communication de Total vise à discréditer le bien-fondé de la grève, mais la moitié de la population soutient les grévistes malgré les galères pour s’approvisionner en carburant. Alors quand la désinformation ne suffit pas, le patronat sait que l’Etat va prendre la relève. Le gouvernement français veut briser la grève à la matraque par la réquisition. Cela consiste à envoyer la police chercher de force le travailleur gréviste chez lui. S’il refuse d’obtempérer, il est jeté en garde-à-vue et envoyé au tribunal où il risque 6 mois de détention.
La CGT a déposé une requête en référé-liberté au tribunal administratif de Lille et de Rouen contre la réquisition de grévistes au dépôt Total Energies de Mardyck et de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon. Ces référés ont été rejetés par les deux tribunaux, alors qu’en 2010, la réquisition de raffineurs de Grand-Puit par Sarkozy avait été jugée illégale au tribunal. Les juges administratifs trahissent aujourd’hui une vision très partiale du droit de grève : leur argument étant que la grève menace l’ordre public parce que les gens se battent dans les files d’attente ! Cette atteinte au droit de grève est grave, car l’Etat réquisitionne des grévistes pour une entreprise privée. L’Etat a légalement le droit de réquisitionner dans les services publics, ce qui est par ailleurs un recul social, mais ici il porte atteinte au droit de grève pour les profits de Total. La réaction du gouvernement et des juges face à la grève montrent bien dans quel camp ils sont, et ce n’est pas celui des travailleurs.
La solidarité dans la lutte, notre arme contre la violence capitaliste
Les travailleurs de la CIM (Compagnie Industrielle Maritime) ont répondu présents pour soutenir les camarades des raffineries. Puisque l’Etat brutalise les grévistes, ils ont décidé eux aussi de se mettre en grève pour ne pas acheminer le pétrole brut dans les raffineries normandes. Si l’État continue de jouer avec le feu, les grévistes ont annoncé qu’ils bloqueront l’acheminement de pétrole pour les aéroports. Enfin une solution pour laisser les jets privés aux sols ? Pas encore puisque l’Etat français préfère acheter du pétrole russe (voir article de l’Humanité), malgré les vœux pieux des sanctions européennes, que de soutenir l’augmentation des salaires.
Pendant ce temps-là, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) appelait à marcher sagement contre « la vie chère » ce dimanche 16 octobre. Mais pour faire plier les capitalistes, une promenade dominicale, c’est un peu chiche. La mobilisation de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs s’avère beaucoup plus efficace pour arracher des revendications. La véhémence avec laquelle Etat et patrons veulent réprimer la grève démontre qu’ils en ont peur. Alors toutes et tous en grève le 18 octobre, pour les salaires et pour nos droits acquis par les luttes !
C’est pas à l’Elysée, c’est pas à Matignon ! C’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction, c’est par la grève, et par l’action !
Agenda :
Mardi 18 octobre et tant qu’il le faudra : grève interprofessionnelle pour les salaires et le droit de grève. Pour Paris, rendez-vous à 14h Place d’Italie.
Jeudi 20 octobre : de 12h à 14h, rassemblement à Bobigny pour le procès opposant le syndicat historique CGT PSA Poissy à la fédération métallurgie.
Sources :
Contre-attaque https://contre-attaque.net/2022/10/09/greve-des-raffineries-penuries-en-cours-victoire-a-venir/